Le Tordu et le Droit

Le Tordu et le Droit

Fallait pas...

 

Il existera un avant et un après.

 

 

Des gens de là-bas vous diront que non, mais d'autres, beaucoup plus nombreux, vous l'affirmeront:

 

 

"Plus rien n'a jamais été pareil... après ".

 

 

Par honte de ce qui s'était passé? On l'espère pour eux...

 

 

Par peur de ce que des gens tout à fait ordinaires avaient fait ce jour là ?

 

Assurémment.

 

 

Alors, éloignons-nous un peu du présent et faisons un grand bon dans la France de Napoléon ....le petit, Napoléon III .

 

 

En cette année 1870, depuis qu'il a déclaré la guerre à la Prusse de Guillaume 1er, l'empereur des français sent que les choses commencent à glisser..... doucement et que ,c'est sûr, maintenant, la défaite n'est plus très loin.

 

 

Sur le front des combats, les soldats tricolores tombent toujours plus en nombre dans l'enfer de Sedan sans jamais pouvoir tenir, illétrisme oblige, leurs proches au courant.

 

 

Alors, loin des combats acharnés entre prussiens et français, les familles s'inquiètent et ne savent plus qui croire: la presse de l'empereur ou.......la rumeur; cette rumeur de plus en plus bruyante qui annonce des lendemains qui pleurent, qui perdent.............. qui meurent .

 

 

Dans un village de province, elles sont nombreuses ces mères, ces grand'mères, ces filles qui se serrent le coeur et ne peuvent se faire à l'absence du fils, du petit fils,......... du père.

 

 

Eclaboussés par l'écho de la rumeur, mais se refusant à prononcer le mot tant redouté de "défaite", le chuchotant tout juste , refusant d'y croire, elles veulent savoir, enfin, si la guerre leur a tout pris, tout pris ......pour rien.

 

 

Un jour, alors que les villageois se sont rassemblés autour d'une grande table, qu'ils sont là à vider les verres, à mâcher du lard, un homme de la ville la plus proche passe un journal à la main.

 

 

On le lui arrache, pour savoir enfin... mais puisque personne ne sait lire.........

 

 

On somme le citadin, l'étranger du coin de lire la dépêche qui s'affiche en gros:

 

 

Celui-ci lit, relit, récite et..............meurt.

 

 

Pendu.

 

 

 

Les villageois n'avaient, en effet, pas supporté d'entendre à voix haute ce qu'ils se disaient, depuis des semaines, tout bas: Oui, la France avait perdu : Elle avait perdu la guerre, elle avait perdu des hommes, beaucoup d'hommes et elle avait perdu l'Alsace et une partie de la Lorraine à Sedan.

 

 

Le traité de Francfort était passé par là tandis que l'empereur lui avait fui loin de tout çà.

 

 

 

Le malheureux qui savait lire et écrire n'imaginait sans doute pas que l'auditoire le saisirait par les jambes , le hisserait avec une corde, tout haut sur une branche, pour le lyncher pire, le pendrait, comme un assassin, lui qui était coupable d'avoir su lire à voix haute les bas mots de la défaite.

 

 

 

Qu'en penser ?

 

 

Pendant plusieurs générations, cette histoire, transmise avec beaucoup de honte, par les enfants et petits enfants des tortionnaires ordinaires d'un jour , fut pour des raisons évidentes, tue .

 

 

Ce n'est que très récemment que des historiens, des journalistes français ont pu reconstitué avec l'aide de jeunes générations libérées du lourd secret, les circonstances du crime commis collectivement par le village contre celui qui n'avait pas eu la "chance" , ce jour là, d'être........ illétré.

 

 

 

Jules Ferry, ministre de l'instruction publique, sour la III e République fit voter, en 1881 et 1882,  deux lois portant son nom et instituant , et la gratuité, et la laicité et l'obligation......... de l'enseignement .

 

Les générations de citoyens français qui suivirent  furent  alors beaucoup plus nombreuses à savoir compter, écrire et.....lire.

 



24/04/2010
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