Le Tordu et le Droit

Le Tordu et le Droit

Deux Fois Violée

 

Cynthia ,qui aime ces journées passées avec sa mère, est souvent songeuse , sourire triste aux lèvres qui tranche passablement avec les couleurs vives de ses vêtements.

 

 

Dans sa petite commune proche d'Arnhem, aux Pays-Bas, tout le monde ou presque la connaît.

 

 

Anna, sa mère, ne la quitte pas des yeux lorsqu'elles partent se promener ensemble aux abords de la rivière du bourg , là-même ou quelques années auparavant, ils venaient à trois s'allonger dans l'herbe le temps d'un pique-nique.

 

 

 

Ces sorties dominicales duraient des heures qui semblaient ,au plus, de grandes minutes à la petite fille qui allait bientôt perdre le "premier amour de sa vie", son père Kris, dans un accident .

 

 

Sa mère avait paru tellement absente ce mauvais jour de septembre, ce jour ou un automobiliste, ivre, avait renversé sans s'arrêter son cycliste de père qui revenait de l'usine qui l'embauchait comme métallo.

 

 

Après ça, tout le monde avait été bien gentil avec Cynthia et sa mère. On ne comptait plus ni les témoignages d'affection ni les bouquets de fleurs déposés à l'endroit ou Kris avait été fauché.

 

 

Cynthia voulait quand même croire que ,de là haut, celui qui, vivant, la couvrait de compliments quand elle faisait des gâteaux , l'entendait et veillait assis sur un nuage pour la protéger.

 

 

Ce soir là, la jeune femme avait quitté sa mère plus tard que prévu, après avoir longuement pensé à son père dans le jardin familial pour rentrer............................... au "deuxième foyer" , comme ses résidents l'appelaient : un centre spécialisé pour enfants et .....adultes handicapés.

 

 

Montée dans le bus du centre "Swann" devait la ramener vers ses médicaments, ses plateaux repas mornes et .....sa solitude, elle avait cru apercevoir , en descendant , une silhouette apparemment féminine qui avait disparu subitement près du hall d'entrée du "Swann".

 

 

Le chauffeur avait lâché les résidents dont la plupart avaient couru pour rejoindre ceux qui étaient rentrés plus tôt.

 

 

Cynthia, qui commençait à sortir de ses pensées profondes qui l'avaient retenues durant le trajet, , avait été attirée par une voix qui lui semblait si familière qu'elle l'avait suivie......

 

 

La nuit était déjà tombée en ce début du mois de décembre si bien que personne ne vit les manoeuvres de l'intruse qui, une fois sa proie tombée dans les mailles du filet, lui déchira la robe rouge et fit de même avec son chemisier blanc avant de venir coller sa bouche dans le cou de sa jeune victime....

 

 

 

Malheureusement, la délinquante sexuelle ne s'arrêta pas là et commis le plus atroce ,des abus sexuels, sur la personne de Cynthia , qui souffrait d'un lourd handicap mental, et qui ne put pas se défendre, pas même pousser un cri pour déchirer le terrible silence dans lequel elle était depuis si longtemps enfermée.

 

 

 

Le "Deuxième foyer" avertit le seul parent de Cynthia, sa mère que les médecins tentèrent en vain de rassurer sur les conséquences physiologiques et psychologiques de l'agression qu'avait subie sa fille handicapée.

 

 

Elle ne savait pas encore que le "presque pire" était à venir....

 

En effet, la mère de Cynthia, se prévalant de son autorité parentale, déposa une plainte à la police d'Arnehm pour agression sexuelle sur sa fille, plainte qui aboutit , devant la gravité des faits, à l'ouverture d'une enquête qui....aboutit à l'arrestation d'une marginale, mlle B., qui rôdait depuis longtemps autour du "Deuxième Foyer" pour repérer qui, parmi les nombreuses filles atteintes de maladies mentales, ferait les frais de ses pulsions sexuelles.

 

 

 

Pourtant,le parquet d'Arnehm décida de ne pas poursuivre la délinquante sexuelle parce que la victime, Cynthia, 15 ans, n'avait pas porté plainte elle-même en temps utile.....

 

 

Malheureusement, les recours successifs exercés par la mère de Cynthia contre la décision du Parquet hollandais ( devant toutes les juridictions criminelles compétentes) le furent en vain!

 

 

 

La justice des Pays-Bas...... reprochait à Cynthia de ne pas avoir porté plainte elle-même au moment des faits , sa mère ne pouvant prétendre à un dépôt de plainte pour une infraction dont elle n'avait pas été elle-même victime........

 

 

 

Une fois saisie, la Cour européenne des droits de l'homme intervint et reconnut que la législation hollandaise qui empêchait une mineure, souffrant de problèmes psychologiques et ayant subi une infraction très grave, d'être supplée par ses parents pour déposer une plainte; cette législation constituait une violation de la Convention des droits de l'homme.

 

 

 

Pour autant, elle n'accorda à la victime qu'une réparation de ......3000 florins pour le dommage moral subi par elle du fait de la privation de son droit à bénéficier, comme les autres, d'un accés à la justice ....

 

 

 

Conclusion:

 

 

Le droit d'accés à la justice est un  des droits de l'homme  fondamental surtout lorsque la personne qui s'en prévaut a été victime d'infractions, notamment une agression sexuelle.

 

 

De nombreux psychiatres s'accordent à dire que la reconnaissance par la justice de l'existence de l'infraction et de la culpabilité de l'auteur de l'infraction constituent, pour la victime, la première étape cruciale sur le long chemin de la guérison.

 

 

Indépendamment des problèmes de procédure, force est de constater que la violation flagrante du droit d'accés à la justice de la jeune handicapée mentale (  violation par la loi pénale hollandaise refusant aux parents de suppléer leur fille dans le dépôt de plainte ) n'a pas été sanctionnée à sa juste mesure par la Cour de Strasbourg....

 

 



11/05/2010
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