Le Tordu et le Droit

Le Tordu et le Droit

Sacrément..eurs

Pas simple de juger, d'émettre un avis sur un fait divers à partir  d' informations plus ou moins fiables...

 

Plus dur encore de préjuger (de juger sans avoir la moindre info)...C'est pourtant ce que nous faisons tous ,tous les jours, plus ou moins...plus que moins.

 

Et les jurés, ces personnes qui doivent dire si un(e) accusé(e) est coupable du crime pour lequel elle comparait devant la Cour d'Assises, jugent-elles ou pré...jugent-elles?

 

Dans une petite ville de l'est de la France, un curé apprécié de nombre de ses paroissiens (dont beaucoup disent se  sentir  proches)  se retrouve un jour devant la  Cour d'assises accusé qu'il est d'un crime de viol à l'encontre d'une jeune femme handicapée mentale .

 

Pour se défendre , le curé prétend que la jeune paroissienne était...consentante.

 

Les jurés de la Cour d'Assises doivent donc juger de la culpabilité du prélat qui, semble-t-il, avait entendu pousser la confession de la jeune femme dans ses derniers retranchements...

 

Finalement, le curé est  acquitté et  ressort libre de la salle d'audience.

 

Comme il n'existait aucun témoin direct des relations intimes imposées ou non par la soutane, les jurés ont fondé leur décision sur les témoignages d'honorabilité donnés par certains paroissiens, la crédibilité  de l'accusé, son statut et ... sans doute aussi ...leurs préjugés à l'encontre de la présumée victime.

 

L'imaginaire collectif leur commandant sans doute d'avoir de bonnes dispositions à l'égard d'un représentant de Dieu, dispositions magnifiées par la littérature , le cinéma autant de sources   bienveillantes.

 

L'accusé n'a peut-être dû son salut qu'à des préjugés...de jurés exploités à bon escient par l'avocat de la défense.

 

 

Et la justice dans tout ça?

 

 

Cette justice qui commanderait de ne juger de la culpabilité d'un accusé qu' à partir, notamment, d'informations objectives et d'une vraie  reflexion  sur les indices donnés par les témoins et les interrogatoires  sur la personnalité des "acteurs" du crime .

 

Oui, mais voilà, dans une Cour d'assises, la culpabilité de l'accusé est décidée ,depuis la loi du 25 novembre 1941 par l'ensemble de la Cour d'assises mais avec un rôle, dans les faits, toujours aussi  déterminant pour le jury d'assises dans la décision finale  sur  la culpabilité de l'accusé.

 

Selon le Code de procédure pénale,  les jurés doivent être impartiaux, c'est à dire indépendants, neutres et objectifs.

 

 

Peut-on vraiment y croire...à l'objectivité de 6 êtres humains dans l'étude de personnalités criminelles?

 

Dans cette affaire, en décidant que le curé n'était pas coupable, les jurés ont sous-entendu deux choses qui semblent plutôt paradoxales:

 

La Jeune fille, présumée victime de viol, était (selon les jurés) trop handicapée pour pouvoir dire la vérité (pour être jugée crédible) mais....apparemment pas assez handicapée pour ne pas pouvoir consentir librement  à ces relations intimes avec un curé...

 

Encore une fois, personne n'a assisté à la scène intime du curé et de la jeune femme handicapée mentale et donc comme dans une affaire récente célèbre opposant une jeune femme de ménage et un ancien directeur du Fonds monétaire international, c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre... mais,  l'on peut essayer (les jurés auraient dû procéder ainsi...) de repérer des indices de crédibilité :

 

 Aussi bien , Peut-on accorder du crédit à un curé qui a juré abstinence parce que "marié" à Dieu mais qui, sans sourciller, oublie ses engagements pour avoir  des relations intimes avec une de ses paroissiennes?

 

Peut-on accorder du crédit à un curé qui prétend  que sa paroissienne était consentante alors qu'il savait mieux que personne  qu'elle souffrait d'un handicap mental et qu'en conséquence, elle était quasiment incapable de discernement?

 

En acquittant l'accusé de viol, les jurés ont répondu par l'affirmative à ces deux questions.

 

Dans le même temps , ils ont répondu par la négative à une autre question:

 

La jeune handicapée mentale qui prétend  avoir été abusée sexuellement est-elle crédible?

 

"Ben, non, puisqu'elle est folle" ont dû penser la majorité des jurés....si l'on en croit le verdict de la Cour d'Assises...

 

Dommage que les jurés n'aient pas pris plus de temps pour comparer les crédibilités respectives de la jeune femme et du curé; dommage qu'ils aient fait prévaloir sur le bon sens leurs préjugés, et sur la parole d'une paroissienne la "présumée respectabilité" d'un notable de village...

 

 

 

Comme il n'y a eu aucun témoins direct de la scène, on ne peut avoir aucune certitude mais permettez-moi quand même , bon sens oblige, d'avoir ma petite idée sur la question...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



03/03/2014
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