Le Tordu et le Droit

Le Tordu et le Droit

Des Interrogatoires Très .....Spéciaux

 

La violence peut-elle tout justifier ?

 

 

Irlande du nord: mars 1975.

 

 

Les troubles des dernières années en Ulster font plus de 1100 morts et de 11500 bléssés, causant par ailleurs des destructions de biens pour un montant supérieur à 140 millions de livres .

 

 

Ces troubles prennent parfois la forme de désordres, mais parfois aussi d'actes de terrorisme, c'est à dire de violence organisée à des fins politiques.

 

 

 

Dés le 9 août 1971, le gouvernement britannique d'Irlande du nord recourt à divers pouvoirs spéciaux permettant aux policiers de l'Ulster d'arrêter et d'interner sans jugement de nombreuses personnes soupçonnées d'appartenir à l'organisation de l'Armée Républicaine Irlandaise.

 

 

Le 16 décembre 1971, le gouvernement irlandais saisit la Commission européenne des droits de l'homme au prétexte que le Royaume-uni a enfreint, en Irlande du Nord, les dispositions de la Convention européenne qui protègent notamment les personnes détenues contre les actes de torture...

 

 

 

En cause?

 

 

 

L'utilisation par la police britannique, dans ses enquêtes sur l'I.R.A, de ce que l'on a appelé " les 5 techniques " de désorientation" et de privation sensorielle qui devaient "aider" à l'interrogatoire d'environ 14 personnes , toutes arrêtées car soupçonnées d'appartenir à l'organisation terroriste irlandaise.

 

 

 

En effet, pour obtenir des aveux des personnes arrêtées, on les encapuchonnait ( on les privait donc de la vue en entourant leur tête d'une capuche fermée) puis, on les exposait à un long sifflement aigu et bruyant les privant de sommeil sur de grandes périodes ...

 

 

 

De surcroît, on limitait fortement leur alimentation en les sous-alimentant et on les forçait à rester debout, contre un mur, dans une position très pénible , sans bouger , dans une immobilité totale.

 

 

 

Certains détrenus témoignèrent précisément des souffrances endurées insistant sur le fait que ces "5 techniques" leur étaient appliquées pendant 120 heures d'affilée avec des répis intermittents de quelques heures.

 

 

 

Conséquence de ces "pratiques d'interrogatoire" menées tambour battant par les policiers britanniques :

 

 

 

Parmi les quatorze personnes subissant ces pratiques, nombre d'entre-elles présentèrent des troubles psychiques aigus........ en cours d'interrogatoire les privant de toute capacité de discernement : de vrais "zombis" prêts à signer n'importe quel .......aveu........

 

 

......Dans une période ou le gouvernement et donc la police britanniques étaient t sommés par l'opinion publique terrorisée d' arrêter et de mettre hors d'état de nuire, le plus rapidement possible,  les responsables des attentats meurtriers qui frappaient le territoire anglais.

 

 

Pour les familles des victimes de ces terribles attentats, il ne fait quasiment aucun doute qu'il fallait traquer les meurtriers de leurs proches quel qu'en fut le prix...........

 

 

 

Pour les proches des personnes arrêtées contre lesquelles il n'y avait aucune preuve leur implication dans ces attentats, il n'est pas exagéré de penser que l'extorsion violente d'aveux forcés et donc suspects n'était pas du tout utile...

 

 

Et pour la Cour Européenne des droits de l'homme alors?

 

 

 

Saisie en janvier 1978, la Cour de Strasbourg (lieu ou elle siège) conclut que l'emploi de ces pratiques spéciales dites " d'interrogatoire poussé " constituait des traitements inhumains et dégradants car ces pratiques causaient à leurs victimes des sentiments de peur, d'angoisse , d'infériorité propre à les humilier et à les avilir.

 

 

 

En revanche, la Cour européenne refusa de reconnaître ces pratiques comme constitutives de torture car l'intensité et la cruauté des souffrances infligées aux personnes interrogées n'étaient pas assez.......grandes.

 

 

L'Etat britannique fut condamnée à réparer les dommages subis par les 14 personnes qui avaient été détenues pour être interrogées dans des conditions tout à fait illégales.

 

 

 

Conclusion:

 

 

Pour des personnes convaincues clairement d'actes de terrorisme ayant fait des milliers de victimes, nombreux sont ceux qui pensent , à tort ou à raison (ce n'est pas à moi d'en.....juger) que les peines d'emprisonnement ne seront jamais assez fortes .

 

 

Mais, pour des personnes dont on ne sait rien de la culpabilité , comment procéder pour que la mission de découverte de la vérité assignée à la Justice soit pleinement respectée et ne fasse pas d'autres victimes......

 

 

......Des victimes de "faux aveux ", victimes  tout  aussi innocentes que celles des attentats terroristes ?

 

 

Quoi qu'il en soit, dans les pays qui ont signé la Convention européenne des droits de l'homme de 1953, l'article 3 de ladite convention interdit  toute pratique par les autorités publiques de traitements inhumains ou dégradants .



10/05/2010
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