Le Tordu et le Droit

Le Tordu et le Droit

Chatte de Vie!

 

 

« On n'a pas deux coeurs; un pour les animaux et un pour les êtres humains; on en a un seul ou pas du tout » (Alphonse de Lamartine).

 

 

Elle militait depuis longtemps ; mais, avant cette histoire, rien ne l'aurait laissé présager.

 

Un poisson rouge avait bien trôné dans la chambre de son enfance ; un cochon d'inde l'avait

même diverti le temps d'un trimestre et demi.

 

Mais, Il faut dire que, sans pour autant les détester, les animaux l'indifféraient.

 

De la déco, peut-être, des jouets sans doute, mais, des compagnons nullement.

 

Et, le soucis de propreté, un hygiénisme envahissant avaient fini par la convaincre que l'on ne trouverait chez elle aucune trace animale.

 

Puis, pourquoi; pourquoi faire?

 

 

Mais, le destin pouvant aussi s'entêter, des pattes, dans sa vie, avaient fini par passer!

 

Un jour de pluie, alors qu'elle cherchait à tout prix à se mettre à l'abri, des gyrophares avaient ralenti sa progression en retenant toute son attention.

 

Alors que la police était venue constater le décés du clochard riverain que la frêle cabane urbaine n'avait pas sauvé d'une sévère pneumonie, elle s'enquéra de savoir comment le "pauvre monsieur ,qui la saluait tous les matins, avait succombé.

 

Profitant de l'instant,un policier lui demanda si elle ne voulait pas d'un chat; compagnon d'infortune du défunt.

 

Pensant non, elle répondit par l'affirmative, histoire sans doute de sauver les apparences devant les passants de plus en plus nombreux à regarder la macabre scène.

 

Et, la voilà qui déambule maladroitement un panier dans les bras pleins du chat et de son innocente saleté.

 

La lumière de la cuisine équipée révéla une forme poilue , courte sur pattes, et famélique que l'implacable destin n'avait pas suffi à ravir à sa misérable vie.

 

En le caressant, le chat , prostré ne réagit pas.Tout juste fit il échapper,dans un miaulement las l'odeur âpre d'une haleine gâtée par des dents que la dureté de la vie avait aussi abîmées.

 

 

Combien de temps, combien de soins furent nécéssaires pour rendre au félidé noir malodorant sa couleur d'origine?

 

 

Nul ne peut le dire;

 

 

Mais, le temps et l'attention firent sans doute leur effet puisqu'au bout du compte, la boule crasseuse céda la place à un magnifique angora.

 

 

Cette créature arrachée à son destin finit par devenir, elle devait se rendre à l'évidence, son chat.

 

Un toit sur la tête, «Noisant » devait maintenant être vaccinné: Il valait mieux !

 

 

Pour lui, pour elle et, puis, pour tout l' voisinage qui n'aurait pas manqué, bienveillance oblige, de sauter sur la maîtresse au moindre problème.

 

 

Chez le vétérinaire, le verdict tomba:

 

L'angora tout neuf était la propriété d'un jeune couple de la même ville ; c'est du moins ce qu'affirmait la puce qui logeait depuis longtemps dans son oreille droite.

 

 

Trahi par sa puce, Noisant fut remis illico par les soins du véto, obligé en cela par la loi,à ses propriétaires qui menacèrent Yvonne ,en cas de récidive, d'une main courante pour vol, peu convaincus qu'ils étaient par son histoire.

 

 

Elle essaya d'oublier ...mais Noisant lui manquait....

 

 

Le destin dut l'entendre puisque sa route croisa à nouveau celle du chat qui, très amaigri, était revenu dans le quartier.....avant de franchir les portes de l'immeuble ,puis ,avec son aide,celles de chez Yvonne .

 

 

Après le destin, ce fut à la guigne (certains diraient la bêtise ...) de s'en mêler puisque ,quelque temps après ,Yvonne reçut une assignation à comparaître devant le tribunal correctionnel pour vol.

 

 

Les propriétaires de Noisant avaient exécuté leurs menaces de procés.

 

La justice reconnut l'existence du vol et ordonna la restitution immédiate du , je cite, « bien meuble « à leur possesseur originel .

 

 

Yvonne eut beau faire valoir les mauvais traitements subis par Noisant (le chat souffrant de malnutrition évidente et devant rester attaché à l'extérieur, sur le balcon,par tous les temps, rien n'y fit.

 

 

Le droit français, inspiré par l'ancestrale nature agricole de notre économie , considère les animaux quels qu'ils soient ( de ferme mais aussi de compagnie) comme des biens susceptibles donc de faire l'objet d'un droit de propriété, l'auteur dudit droit pouvant en user à sa convenance.

 

 

Et, même si depuis une décade, le code pénal consacre dans son livre 5, moins de 7 articles sur la protection des animaux contre les actes de cruauté, bien souvent , la justice fera prévaloir le droit de propriété de l'homme sur tous les droits de son animal.

 

 

Dans l'histoire, au bout d'une énième évasion , Noisant disparut de la surface de la ville.

 

A cette époque,beaucoup de propriétaires d'animaux déclarèrent des vols.

 

 

Et, certains, dans la police , d'évoquer le travail des filières clandestines vendant au plus offrant, souvent des labos de l'est de l'europe, les chats et les chiens enlevés à leur foyer,à leur famille,à leur vie.

 

 

Sa rencontre avec Noisant l'avait profondémment changée:

 

Aussi Yvonne militait-elle, depuis sa disparition, dans les associations de protection animale.



17/12/2012
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