Le Tordu et le Droit

Un jour qu'il passait, en voiture, à côté d'une ferme dans une zone rurale du sud-ouest de la France, un citadine se gara sur le bas côté de la route pour contempler un troupeau de vaches broutant paisiblement .

Contempler?

Pas seulement!

Ce dernier avait bel et  bien une idée derrière la tête!!

S'approchant doucement de l'un des ruminants, il fit gratter une allumette près des fesses de l'animal lorsqu'un bruit caractéristique et son odeur familière se fit entendre...

Visiblement, le résultat de l'expérience dépassa toutes les espérances de l'apprenti sorcier puisquen guise de pêt flambé, il eut droit à une énorme déflagration malodorante.

Le vacarme fut tel qu'on l'entendit dans un très large périmètre .

Du bovin, il ne restait plus qu'une carcasse fûmante et éventrée qui dégageait une odeur d'oeufs pourris et brûlés...

Quant au chimiste en ...herbe, héliporté en urgence au service des grands brûlés de Marseille, le diagnostic fut sévère : défiguré et brûlé sur 60 % du corps.

Pourtant, le prix de "l'expérience" engloba aussi les réparations auxquelles le condamnèrent les juges saisis par le propriétaire de la vache première  victime de l'apprenti sorcier.

Ce dernier engagea donc sa responsabilité civile délictuelle , application première de l'article 1382 du code civil qui prévoit que:

"Tout fait de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquelle il (le dommage) est arrivé  à le réparer".

La seconde victime de la déflagration (victime et auteur par imprudence) ne put faire valoir la responsabilité de l'agriculteur du fait de sa vache.

En effet, l'article 1384 du code civil ( autre pilier de la responsabilité civile délictuelle) permet aux victimes d'invoquer la responsabilité des personnes pour les dommages causés par les choses dont elles ont la garde.

En effet, en droit français, les animaux (chiens et chats compris) sont considérés comme des choses, des biens meubles dont les maitres sont responsables notamment pour les dommages que les premiers pourraient causer...

Pour autant, la tentative du pétomane averti d'engager la responsabilité de l'agriculteur pour les dommages corporels qu'il avait subis fut vaine puisqu'en droit français, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, de ses propres fautes.

Or, c'est bien l'imprudence du citadin qui était à l'origine directe et exclusive de son propre dommage et non la volonté du bovidé de se soulager d'un besoin naturel... les réserves en métane (gaz hautement inflammable) des ruminants étant de notoriété publique...

CONCLUSION:

Gardez-vous de manipuler les choses d'autrui avec force légèreté, votre imprudence vous sera directement opposée en cas de demande de réparation d'un éventuel préjudice lié à ladite manipulation .